Ndla: pour rappel, au XVIIIème siècle,
les quatre éléments étaient l'air, l'eau, le feu et la terre.
Les Elémens, simphonie nouvelle
(orthographe de la partition gravée)
C'est un ballet sans paroles composé pour ensemble instrumental en 1737 et 1738 par Jean-Féry Rebel. Cette œuvre est remarquable par l’audace harmonique de son introduction, inattendue à l’époque de sa composition.
Cette édition est précédée d’une introduction, Avertissement, dans laquelle le compositeur expose sa démarche.
« Les élémens peints en danse et en musique m’ont paru susceptibles d’une variété agréable, tant par rapport aux différents genres de musique que par rapport aux danseurs.
L’introduction à cette simphonie était naturelle, C’estoit Le cahos même, cette confusion qui régnoit entre les Eléments avant l’instant où assujettis à des loix invariables ils ont pris la place qui leur est prescrite dans l’ordre de la nature.
Pour désigner, dans cette confusion, chaque élément en particulier je me suis asservi aux conventions les plus reçües.
La basse exprime la terre par des notes liées ensemble et qui se jouent par secousses. Les Flûtes, par des traits de chant, qui montent et qui descendent, imitent le cours et le murmure de l’eau. L’air est peint par des tenues suivies de cadences que forment les petites flûtes. Enfin, les violons, par des traits vifs et brillant, représentent l’activité du feu.
Ces caractères distinctifs se font reconnaître, séparés ou confondus, en tout ou partie, dans les diverses reprises, que j’appelle du nom de Cahos et qui marquent les efforts que font les Elémens pour se débarrasser les uns des autres. Au 7ème cahos ces efforts diminuent à proportion que l’entier débrouillement approche.
Cette première idée m’a mené plus loin. J’ai osé entreprendre de joindre à l’idée de la confusion des éléments celle de l’Harmonie. J’ai hazardé de faire entendre d’abord tous les sons mêlés ensemble ou plutôt toutes les notes de l’Octave réunies dans un seul son. Ces notes se développent ensuite en montant à l’Unisson dans la progression qui leur est naturelle, et, après une Dissonance, on entend l’accord parfait.
J’ai crû enfin que ce seroit rendre encore mieux le Cahos de l’harmonie, si en me promenant dans les différents Cahos sur différentes cordes, je pouvois sans choquer l’oreille, rendre le ton final indécis, jusqu’à ce qu’il revint déterminé au moment du débrouillement final. »
Vers dorés
Eh quoi ! tout est sensible !
Pythagore.
Homme ! libre penseur - te crois-tu seul pensant
Dans ce monde où la vie éclate en toute chose :
Des forces que tu tiens ta liberté dispose,
Mais de tous tes conseils l'univers est absent.
Respecte dans la bête un esprit agissant : ...
Chaque fleur est une âme à la Nature éclose ;
Un mystère d'amour dans le métal repose :
"Tout est sensible ! " - Et tout sur ton être est puissant !
Crains dans le mur aveugle un regard qui t'épie
A la matière même un verbe est attaché ...
Ne la fais pas servir à quelque usage impie !
Souvent dans l'être obscur habite un Dieu caché ;
Et comme un oeil naissant couvert par ses paupières,
Un pur esprit s'accroît sous l'écorce des pierres !
Gérard de Nerval
1854
Le chant du styrène
O temps, suspends ton bol, ô matière plastique
D’où viens-tu ? Qui es-tu ? et qu'est-ce qui explique
Tes rares qualités ? De quoi donc es-tu fait ?
D'où donc es-tu parti? Remontons de l'objet
À ses aïeux lointains ! Qu'à l’envers se déroule
Son histoire exemplaire. Eu premier lieu, le moule.
Incluant la matrice, être mystérieux,
Il engendre le bol ou bien tout ce qu'on veut.
Mais le moule est lui-même inclus dans une presse
Qui injecte la pâte et conforme la pièce,
Ce qu présente donc le très grand avantage
D'avoir l'objet fini sans autre façonnage.
Le moule coûte cher; c’est un inconvénient.
On le loue il est vrai, même à ses concurrents.
Le formage sous vide est une autre façon
D'obtenir des objets : par simple aspiration.
À l'étape antérieure, soigneusement rangé,
Le matériau tiédi est en plaque extrudé.
Pour entrer dans la buse il fallait un piston
Et le manchon chauffant - ou le chauffant manchon
Auquel on fournissait — Quoi ? Le polystyrène
Vivace et turbulent qui se hâte et s'égrène.
Et l'essaim granulé sur le tamis vibrant
Fourmillait tout heureux d'un si beau colorant.
Avant d'être granule on avait été jonc,
Joncs de toutes couleurs, teintes, nuances, tons.
Ces joncs avaient été, suivant une filière,
Un boudin que sans fin une vis agglomère.
Et ce qui donnait lieu à l’agglutination ?
Des perles colorées de toutes les façons.
Et colorées comment ? Là, devint homogène
Le pigment qu'on mélange à du polystyrène.
Mais avant il fallut que le produit séchât
Et, rotativement, le produit trébucha.
À peine était-il né, notre polystyrène.
Polymère produit du plus simple styrène.
Polymérisation : ce mot, chacun le sait,
Désigne l'obtention d'un complexe élevé
De poids moléculaire. Et dans un réacteur,
Machine élémentaire œuvre d'un ingénieur,
Les molécules donc s'accrochant et se liant
En perles se formaient. Oui, mais — auparavant ?
Le styrène n'était qu'un liquide incolore
Quelque peu explosif, et non pas inodore.
Et regardez-le bien; c'est la seule occasion
Pour vous d'apercevoir ce qui est en question.
Le styrène est produit en grande quantité
À partir de l'éthyl-benzène surchauffé,
Le styrène autrefois s'extrayait du benjoin,
Provenant du styrax, arbuste indonésien.
De tuyau en tuyau ainsi nous remontons,
À travers le désert des canalisations,
Vers les produits premiers, vers la matière abstraite
Qui circulait sans fin, effective et secrète.
On lave et on distille et puis on redistille
Et ce ne sont pu là exercices de style :
L'éthylbenzène peut — et doit même éclater
Si la température atteint certain degré.
Quant à l'éthylbenzène, il provient, c'est limpide,
De la combinaison du benzène liquide
Avecque l'éthylène, une simple vapeur.
Ethylène et benzène ont pour générateurs
Soit charbon, soit pétrole, ou pétrole ou charbon.
Pour faire l'autre et l'un l'un et l'autre sont bons.
On pourrait repartir sur ces nouvelles pistes
Et rechercher pourquoi et l'autre et l'un existent.
Le pétrole vient-il de masses de poissons ?
On ne le sait pas trop ni d'où vient le charbon.
Le pétrole vient-il du plancton en gésine ?
Question controversée... obscures origines...
Et pétrole et charbon s'en allaient en fumée
Quand le chimiste vint qui eut l'heureuse idée
De rendre ces nuées solides et d'en faire
D'innombrables objets au but utilitaire.
En matériaux nouveaux ces obscurs résidus
Sont ainsi transformés. Il en est d'inconnus
Qui attendent encor la mutation chimique
Pour mériter enfin la vente à prix unique.
Raymond Queneau
1969
test qualitatif d'identification de l'éthanol
La réaction observée est l'oxydation de l'éthanol C2H5OH, constituant d'une boisson alcoolisé, par du dichromate (Cr2O72-) de potassium en milieu acide sulfurique concentré. L'aldéhyde obtenu ou éthanal CH3C(=O)H peut être caractérisé par la coloration rose du réactif de Schiff. De plus le dichromate de potassium (Cr(VI)) passe de l'orange au vert par la formation d'ion chrome(III).
3 C2H5OH + Cr2O72- + 8 H3O+ ----> 3 CH3C(=O)H + 2 Cr3+ + 15 H2O
Mode opératoire:
1/ Dissoudre dans un erlenmeyer 4.0 g de dichromate de potassium dans 35 cm3 d'eau. Ajouter lentement et en agitant 15 cm3 d'acide sulfurique concentré. Introduire un volume d'alumine correspondant au 3/4 d'un tube de verre de longueur 15 cm tout en agitant.
2/ Dans le tube de verre précédent bouché par un bouchon percé, placer un bouchon de ouate bien tassé au fond près du bouchon percé. Verser avec précaution le mélange préparé dans le 1/. Disposer le tube horizontalement.
3/ Remplir un flacon à deux entrées du réactif de Schiff et relier l'ouverture plongeante (donc bullante) par un tube de verre en L au bouchon percé du tube précédent du 2/. Puis relier l'ouverture non plongeante par un autre tube de verre en L à une trompe à eau.
4/ Introduire dans la partie vide du premier tube de verre du 2/ un coton imbibé d'alcool et aspirer avec la trompe à eau. La coloration de l'alumine évolue de l'orange au vert et le réactif de Schiff se teinte en rose.
luminol
ou
5-amino-2,3-dihydro-1,4-phtalazinedione
méthode de synthèse Huntress - 1934
Mise en évidence de la luminescence par oxydation:
1/ Solution 1: dissoudre dans un erlenmeyer de 250 cm3 0.3 g de luminol dans 10 cm3 d'une solution d'hydroxyde de sodium 10% et 90 cm3 d'eau.
2/ Solution 2: mélanger dans un erlenmeyer de 250 cm3 20 cm3 d'une solution de ferricyanure de potassium 0.1M , 20 cm3 de la solution de peroxyde d'hydrogène 0.17M et 160 cm3 d'eau.
3/ Verser dans un erlenmeyer de 500 cm3 diluer la solution 1 dans 175 cm3 d'eau et dans une pièce peu éclairée ajouter la solution 2.
4/ Agiter pour observer la luminescence (pour l'accentuer ajouter quelques cristaux de ferricyanure de potassium ou quelques gouttes de la solution de soude).
anhydride phtalique
ou
2-benzofuran-1,3-dione
Laurent - 1836
Mode opératoire:
1/ Placer 1.0 g d'acide orthophtalique dans un bécher de 50 cm3.
2/ Couvrir le bécher avec un verre de montre et le placer sur une plaque chauffante.
3/ Refroidir le verre de montre avec de la glace. Recueillir le produit final se condensant sur le verre de montre.
2,2,2-trichloroéthan-1,1-diol
ou
hydrate de chloral
Von Liebig - 1832
Mode opératoire
1/ dans un réacteur de 100 cm3, placer 4o cm3 de chloral anhydre et 10 cm3 d'acide chlorhydrique dilué 0.001M. Un solide blanc se forme.
2/ Filtrer sur Büchner et laver avec 50 cm3 d'eau et laisser sécher par aspiration à la trompe à eau.
quinone
ou
1,4-benzoquinone
Woskressenski - 1838
Mode opératoire:
1/ dans un erlenmeyer, placer 4.0 g d'hydroquinone, 2.2 g de bromate de potassium et 40 cm3 d'eau. Agiter pour dissoudre puis ajouter 5 cm3 d'acide sulfurique 0.5M. La température monte à 80°C et la réaction cesse quand la coloration est au jaune.
2/ Chauffer le milieu réactionnel au bain-marie à 80°C pendant 10 minutes. Refroidir au bain de glace. Filtrer sur Büchner. Laver à l'eau froide.